Gourmand (botanique)

Le tronc de ce marronnier s'est brutalement couvert de rameaux épicormiques (gourmands), qui portent déjà des fleurs, après une exposition à la lumière due un élagage partiel
Détail d'un gourmand sur tronc de marronnier

En botanique, un gourmand (à ne pas confondre avec un drageon) est un rameau qui se développe à partir d'un œil à bois. Moyen de défense pour la plante ligneuse, il pousse spontanément sur une partie exposée à la lumière, notamment après une phase d'auto-élagage d'un arbre lorsqu'il poussait à l'abri de la canopée, ou sur un tronc émondé. Cette pousse est nommée gourmand car elle est supposée détourner à son profit les substances nutritives de l’arbre. Le gourmand est en effet à l'origine un terme d'arboriculture fruitière désignant une pousse infertile (non ou peu fructifère) dont le développement « épuise » les branches à fruits (d'où l'origine du terme qui remonte au début du XVIIIe siècle et dérive directement de l’autre sens de gourmand, « qui aime manger »)[1], les arboriculteurs cherchant à les éliminer au profit des branches fruitières. Ce terme a donc dès le départ une connotation négative, qu'il garde chez les sylviculteurs puisque la grande majorité des défauts du bois dépréciant la qualité des grumes sont attribués aux gourmands[2].

Les rejets sont comme les gourmands issus de bourgeons proventifs (rameaux épicormiques se développant en position habituelle à l'aisselle d'une feuille, après un temps de latence) ou bourgeons adventifs (se développant en circonstance et position inhabituelles). Les rejets se développent à proximité d'une coupe ou d'une cassure, les gourmands partout ailleurs[3]. La prolifération de termes à la définition pas encore fixée (épicormiques, gourmands, rejets, suppléants, ou en architecture végétale, « réitération retardée ou différée ») employés différemment selon les époques, les milieux (sylviculteur, forestier, arboriculteur, paysagiste), est le reflet de la lente évolution des connaissances[4].

L'ONF a proposé en 1993[5] de distinguer le gourmand, pousse épicormique ramifiée comprise entre 5 et 50 cm de longueur, et branche gourmande au-delà de 50 cm[6].

Les gourmands peuvent diminuer la valeur ou la qualité des billes de pied mais ils ont un rôle dans la résilience des arbres, notamment après un dépérissement. Les sylviculteurs observent en effet dans ces circonstances un développement important de gourmands orthotropes reproduisant la ramification normale du houppier[7].

En horticulture, il s'agit par extension d'un rameau qui a pris une taille disproportionnée par rapport à ses voisins.

  1. Christophe Drénou, « Du gourmand au suppléant...Vocabulaire botanique, technique, anthropocentrique? », La Garance Voyageuse, no 105,‎ , p. 6
  2. Christophe Drénou, Marine Bouvier, Jean Lemaire, « La méthode de diagnostic ARCHI. Application aux chênes pédonculés dépérissants », Forêt-entreprise, no 200,‎ , p. 6
  3. Christophe Drénou, La taille des arbres d'ornement, Forêt privée française, , p. 188
  4. Christophe Drénou, « Du gourmand au suppléant...Vocabulaire botanique, technique, anthropocentrique? », La Garance Voyageuse, no 105,‎ , p. 11
  5. Duplat, P., 1993. Notation de l’élagage et des gourmands. ONF document interne
  6. Jean Lemaire, Le chêne autrement, Forêt privée française, (lire en ligne), p. 80.
  7. François Lebourgeoi, Christophe Drénou, Marine Bouvier, « Caractérisation de la croissance des chênaies pédonculées atlantiques dépérissantes : effets des sécheresses et relation avec l’architecture des houppiers », Revue Forestière Française, no 4,‎ , p. 334 (DOI 10.4267/2042/59289)

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